mardi 27 mars 2012

Pierre De Moussy le crooner rassurant




(Mission accomplie pour Pierre De Moussy qui sans trop faire de vague,  a produit un makossa qui ne dépare nullement l’histoire ce rythme dont maintes mélomanes, attendent encore beaucoup de bonnes réalisations)

Tout comme Dina Bell, Ben Decca, Moni Bilè, Pierre De Moussy fait partie de ces auteurs-compositeurs camerounais de la place parisienne qui ont largement illuminé de leurs titres, la planète makossa. Plus proche dans sa construction du makossa d’un Toto Guillaume, Dina Bell que de celui d’un Moni Bilè, sa contribution à cette musique a été certainement la production de ce makossa solide, rassurant, tant dans la thématique à la moralité toujours présente, que dans le strict respect des fondamentaux de ce courant musical.

Les chœurs, la rythmique, les cuivres, les percussions, les ingrédients d’un makossa réussi chez Pierre De Moussy.

Moins lyrique dans son vocal qu’un Dina Bell, Ben Decca, Jean Claude Mbimbé, le makossa de Pierre De Moussy est si équilibré dans sa conception que toute sa perfection apparaît dans un morceau tel que Douala city où la guitare rythmique de Toto Guillaume trône en maître, sans toutefois étouffer les autres instruments. Des sonorités qui, tout en restant festives, ne présentent rien de tapageur. On se plaît autant à les écouter qu’à les danser.  Même la guitare basse d’Aladji Touré est si bien intégrée à l’ensemble, que cette formulation privilégiée de ce rythme que l’on retrouve d’ailleurs, dans plusieurs autres titres à succès, aurait pu servir de viatique  au maintien et à l’élaboration d’un makossa tourné vers le futur. Ce qui n’a pas été malheureusement le cas, vu l’éclatement stylistique subi par le makossa, à partir des années 90. Cependant, ne manquons quand même pas de signaler dans cette construction mesurée du makossa de Pierre De Moussy, l’importance de l’intervention artistique de son arrangeur privilégié et ami qu’est Toto guillaume.
Douala city : Cette noise que vous me cherchez, je la connais mais je ne vous répondrai point/ oh ! Mère, je ne m’en sortirai pas de ce mariage/ Lorsque j’ai eu à faire connaissance de ta famille, ton père et ta mère m’ont reçu à bras ouvert/ Mais aujourd’hui, ils me jettent dans la rue/ Suis-je en passe de t’épouser ou d’épouser toute ta famille ?/ Est-ce  moi, père, mère qui souffre ainsi/ Je m’en retournerai chez vous/ Je m’en retournerai chez vous/ Je m’en retournerai/

Les similitudes d’exécution entre le makossa de Pierre De Moussy et celui de Moni Bilè

Il nous est déjà arrivé de développer la différence de conception ou d’arrangement entre les deux fomenteurs principaux[1] du makossa de cette époque que sont Toguy et Aladji Touré. Pour autant cependant que l’arrangement des créations de Pierre De Moussy et de Moni Bilè soit le fait principalement de ces deux arrangeurs, on observe quand même des similitudes quant à leur exécution de ce rythme. Celles-ci sont peut-être dues au fait que nous nous trouvons en présence de deux chanteurs de variété, à l’habileté vocale assez limitée. C’est peut-être l’une des raisons qui les a amenés à introduire, de longs temps de passage de chœurs à fortes dominances de tons féminins dans leurs morceaux. On sait que ceux-ci, par leurs qualités, viennent largement pallier l’insuffisance de leur vocal. Ils donnent une coloration sensuelle sans laquelle ces titres n’auraient pas eu autant de succès auprès des mélomanes.  
Il existe aussi des analogies dans l’utilisation des cuivres chez Pierre de Moussy et Moni Bilè. Ceux-ci, apparaissent comme de véritables pièces montées, servies par les mêmes instrumentistes de l’équipe nationale du makossa. On peut d’ailleurs même lier ces similitudes d’exécution au fait que les acteurs, en ce qui concerne l’exécution des cuivres, comme nous l’avons dit plus haut, étaient toujours les mêmes : Jimmy M’vondo M’velé, Tétè Fredo, Kom Roger, Féfé Priso etc., Ce qui laisserait supposer une certaine incapacité pour ces musiciens, indépendamment du travail de synthèse des arrangeurs,  à sortir des tics et des crispations longuement acquis dans la pratique de leur instrument de prédilection. 
Enfin, il leur est aussi arrivé de partir en tournée ensemble (Toto Guillaume, Dina Bell, Moni Bilè, Pierre De Moussy, etc.,) à travers l’Afrique. Ce qui ne pouvait que renforcer une camaraderie artistique qui n’était plus à questionner.
On observe aussi une longueur pratiquement identique des morceaux. Mais ceci n’est pas seulement le fait des chanteurs de makossa. La majorité des courants musicaux africains de l’époque, pour exemple le soukous par exemple, sacrifiait à cette tendance. Celle-ci donnait à ces morceaux, l’allure de plages musicales sans fin.
Ndolo l’amour : Hé ! Jeune fille ! Rapproche-toi !/ Hé ! S’il te plaît ! Calme-toi, je ne vagabonde plus / J’ai maintenant ma sécurité sociale : je suis sortie des « Circuits »/ Si j’étais mariée, je ne vagabonderais pas/ Ni ne vivrais cette grosse galère/ Le dehors est tellement difficile que si tu te choisissais un amour de « malchance » tu n’en récolteras que des tonnes de larmes/ C’est une grand-mère qui m’a confiée que s’il ne t’ai jamais arrivé d’essuyez les larmes d’un bébé, ce sera à ton tour d’en pleurer, lorsque tu atteindras ces âges fatidiques pour une femme, compris en 35 ans et 45 ans !/ Lorsque tu es mariée, tu as la sécurité sociale !/ Longuè la vie/ Ndolo l’amour/


Le travail thématique de Pierre De Moussy tourné vers les tourments amoureux et la discussion sociale


Cet artiste dont nous connaissons plus d’une trentaine de titres, a eu à privilégier dans sa carrière, des compositions traitant des relations homme et femme. Qu’il soit lui-même en action dans ceux-ci ou bien, comme un Ben Decca, se positionnant sur le point de vue des femmes (Ndolo l’Amour). C’est ce qui fait de lui ce crooner rassurant, débonnaire, déballant des arguments somme toute attendues par tous, quant à ce qui concerne les relations entre les hommes et les femmes. Et comme il appartient à cette époque qui a fait du slow un genre incontournable, il s’en est aussi servi, à sa manière,  pour étayer au besoin sa thématique. On notera aussi que la narration sociale lui a permis de développer des textes aussi forts que Combi Airlines, Longue ke miango, Douala city, Radio trottoir etc., on trouvera même dans sa discographie, comme autant de pièces rares, deux morceaux certainement chantés en Abo (Dibi, Man mout). Ce qui démontre certainement l’intérêt manifesté par les artistes de cette époque pour ces langues sans lesquelles, il leur manquera toujours quelque chose de spécieux, d’inattendue à exprimer. Signalons aussi que contrairement à un artiste tel que Dina Bell, dont on sent la constance artistique, du début de son œuvre jusqu’aux dernières pièces connues, Pierre De Moussy par contre, dénote d’une  bonne progression musicale, entre ces premières œuvres (Na wom-wom, Jomba jomba) à l’orchestration et au vocal assez approximatifs et les dernières ; celles qui ont vues l’éclosion de pièces musicales telles que Ndolo l’Amour, Douala city, Diba etc.,
Na wom-wom : Lorsque je suis partie de chez nous, je me disais que ma vie allait changer en bien, mais lorsque je suis arrivé à l’étranger (France), j’ai dû déchanter/ même la famille, j’ai dû me résoudre à ne plus y croire/ On te reçoit les premiers jours rien que pour te siphonner, ceci fait, le lendemain tu es jeté dans la rue !/ Mon frère, écoute mes cris de détresse, qu’ils te servent d’enseignement avant qu’il ne t’arrive d’y vivre  (à l’étranger) comme une personne endeuillée ! Mais ne veux-tu plus rester ? Non ! La France (l’Occident) me dépasse ! Je ne veux plus y rester ! Ne peux-tu plus supporter ? Non ! La France me dépasse ! Je ne veux plus y rester ! 

(A suivre)
©Essombe Mouangue 2012

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marevuedepressec.blogspot.com
Pour tout travaux de presse book, de portrait d’artiste, de représentation d’artiste, etc., Contactez Essombe Mouangue à ce numéro de tel : 97810573 Douala Cameroun




[1] Consulter le portrait sur Moni Bilè.

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